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Le blog du Credit Manager 2.0
14 mars 2011

Pourquoi le crédit est-il si indispensable aux PME ?

Le plus fort de la crise a vu apparaître un credit crunch, c'est-à-dire un assèchement du crédit, entre les banques mais aussi vis-à-vis des entreprises. Les organismes bancaires, aux bilans plombés par les actifs toxiques, se sont mis à rechigner (un peu plus) dans le financement des sociétés privées et notamment des PME. Le gouvernement a réagi de façon énergique (médiateur du crédit, octroi de financements par OSEO) et, disons-le, efficace. Mais les mécanismes arrivent pour certains à expiration et les problèmes subsistent. Le dynamisme et la croissance des PME, dont tout le monde estime qu'ils sont vitaux en France, sont en jeu. On pourrait penser que le crédit était surtout utile en temps de crise pour éponger les pertes des PME dans un climat dégradé. Mais les PME ont besoin de crédits pour survivre tout simplement et même quand elles sont bénéficiaires. Et encore plus si elles veulent croître. Le crédit est un enjeu majeur, même pour les PME saines. Voilà pourquoi.

Le BFR

Pour comprendre, il faut en passer par une notion un peu technique: le Besoin en Fonds de Roulement (BFR). C'est la masse d'argent qu'il est nécessaire d'avoir pour que l'entreprise tourne. Attention, je ne parle pas d'investissements, de salaires et encore moins de distribution de dividendes. Non, c'est juste une masse d'argent qui est "stérilisée" mais néanmoins indispensable à la survie de l'entreprise. Le BFR est égal, dans les grandes lignes au stock + l'encours clients - l'encours fournisseurs. Prenons un exemple pour simplifier les choses.

Pour visualiser la chose, prenons l'exemple de mon alter-ego, appelons le Charles. Charles, de retour de voyage en Islande, a une idée: il va importer en France des produits traditionnels d'apéro de la-bas, sous la marque "Viking Death". Il ne va rien fabriquer, il va se contenter d'acheter des produits là-bas et de les revendre ici avec un peu de marketing autour. Sa société va reprendre le concept de l'apéro/mouvement perpétuel popularisé par JC Van Damme (tu manges des cacahuètes, tu as soif, alors tu bois de la bière et tu as besoin de salé alors tu manges des cacahuètes, etc etc). Sauf qu'ici, ce sera à base de Brennivin, tord-boyaux local aussi appelé "Mort noire". Et pour remplacer les cacahuètes, plusieurs produits locaux avec comme star le "Hakar", c'est-à-dire du requin séché (en plein air). Le tout est assaisonné de marketing exaltant les valeurs viking: virilité et force.

Charles a donc créé une entreprise, VikingDeath SARL et a réussi à se faire référencer dans un réseau de boutiques spécialisées et même dans quelques hypermarchés, au rayon "Produits du Monde". Au bout de 5 ans, la boîte fait 3 M€ de chiffre d'affaires annuel avec une saisonnalité telle que 30% du Chiffre d'affaires (CA) est fait sur le premier trimestre, 15% sur le second, 20% sur le troisième et 35% sur le dernier (le consommateur semble plus sensible au charme viking pendant l'hiver, ce qui est somme toute assez logique). Quand elle achète un produit 50, elle le revend 100, c'est-à-dire qu'elle fait une marge de 50% (ainsi, la bouteille de "Mort Noire" est achetée 5€ au producteur islandais et vendue 10€ aux boutiques et aux hypers; le consommateur, lui, va devoir payer entre 17 et 21€). Au final, la société dégage un résultat net (après impôt) respectable de 3% soit 90.000€ de bénéfices annuels. Pas de quoi rendre Charles fortuné mais enfin sa "petite entreprise" marche bien.

Elle doit avoir en stock l'équivalent de 60 jours d'achats. Au 31 décembre, elle aura donc dans ses stocks 359k€ de marchandises. Pourquoi autant ? C'est que, quand les hypers qui l'ont référencé veulent du réassort, ils le veulent tout de suite! Si VikingDeath SARL explique qu'il faut qu'elle appelle son fournisseur en Islande et que ça va prendre 3 semaines pour être livré, elle risque fort de perdre son référencement. Il faut être prêt à répondre à la demande et donc commander en avance aux Islandais et stocker les produits dans un entrepôt de la région lyonnaise. Et puis il faut stocker un peu de tout  de la "Mort Noire" en 75 cl mais aussi en 37.5, de la normale et de l'aromatisée au ginbembre. Idem pour les différents assortiments d'accompagnement. Tout cela oblige VikingDeath à conserver un stock important. Et encore, la société peut s'estimer heureuse car les produits islandais ne se périment pas (c'est l'avantage du séchage en plein air)! 

Par ailleurs, ses clients la paient à 75 jours. Au 31 décembre, http://goo.gl/AVv3P

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