Les défaillances d’entreprises reculent légèrement sur le 1er trimestre 2011 (- 1 %) et butent sur le seuil des 16 000 procédure

12 avril 2011

Les défaillances d’entreprises reculent légèrement sur le 1er trimestre 2011 (- 1 %) et butent sur le seuil des 16 000 procédure

Analyse Altares : Défaillances d'entreprises au 1er trimestre 2011

16 153 jugements de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe ont été prononcés par les tribunaux depuis le début de l’année 2011. Les tendances sont orientées favorablement pour les entreprises de 3 à 9 salariés (- 9 %) mais sévèrement pour celles de 50 salariés et plus (+ 12 %). La reprise, encore inégalement partagée, est insuffi sante pour certaines PME tandis que la baisse des créations d’entreprises hors statut auto-entrepreneurs en 2009 et son faible rebond en 2010 favorise le repli des défaillances de jeunes entreprises.(...)

Les PME encore convalescentes sont à la peine

En France, plus de neuf entreprises sur dix sont des micro-entreprises, employant donc moins de 10 salariés. La démographie des structures défaillantes respecte cette proportion ; 93 % des jugements d’ouvertures portent sur des entreprises de moins de 10 salariés. Près de 15 000 micro-entreprises ont fait l’objet d’une sauvegarde (245) ou d’un RJ/LJ (14 767) ; c’est 1 % de moins que lors du 1er trimestre 2010, elles donnent la tendance globale. Parmi celles-ci, celles employant de 3 à 9 salariés enregistrent les évolutions les plus favorables ; les défaillances d’entreprises reculent de 9 %.

Les structures de 10 à 49 salariés sont également mieux orientées ; les procédures collectives reculent de 5 %. En revanche, les plus grandes demeurent sous tension. 97 sociétés (+ 10 %) de plus de 50 salariés ont été placées en RJ ou LJ et 21 (+ 24 %) en sauvegarde, soit 118 sociétés (+ 12 %). Le tiers d’entre elles se situe dans l’industrie et 70 % ont été créées il y a plus de 10 ans. Ces sociétés étaient dans une situation délicate depuis plusieurs mois ; près d’une sur deux présentait déjà une trésorerie défi citaire sur les comptes 2009. L’ouverture d’une procédure judiciaire sur ces entreprises traduit donc davantage un retour d’activité insuffi sant pour compenser la baisse des chiffres d’affaires durant la crise, qu’une dégradation de conjoncture. Plus du tiers de ces grosses PME défaillantes ce trimestre avait enregistré un chiffre d’affaires en recul de plus de 20 % en 2009. Chaque 1er trimestre de l’année comptabilise traditionnellement une centaine d’ouvertures de procédures collectives de sociétés de plus de 50 salariés. Ce début d’année 2011, dans le sillage de la crise, est un peu plus lourd mais demeure très en-dessous des volumes exceptionnels relevés début 2009 où 170 grosses PME étaient passées en jugement.

Près de 60 % des PME obtiennent l’ouverture d’un RJ, et 70 % des TPE sont liquidées (...)

Les défaillances de jeunes entreprises sont les plus nombreuses mais elles reculent fortement

Crise ou reprise, les jeunes entreprises demeurent fragiles. Plus de la moitié (53 %) des entreprises défaillantes a moins de 5 ans. Néanmoins, le nombre d’ouverture de procédures sur des entreprises de moins de 3 ans a fortement baissé depuis le début de l’année (- 32 %). Cette tendance très marquée tient, toutefois, au recul tout aussi prononcé des créations d’entreprises hors statut auto-entrepreneurs. En 2009, l’Insee en comptabilisait 260 174 contre 331 439 en 2008, soit un repli de plus de 21 %. En 2010, le rebond était modeste (+ 0,8 %). Si les défaillances d’entreprises jeunes reculent très fortement, en revanche, les entreprises plus âgées offrent des tendances moins bien orientées. Ainsi, les jugements portant sur des sociétés créées il y a plus de 10 ans ont augmenté de 3 %.

La reprise se propage dans l’industrie manufacturière et les transports

Fortement chahutée durant la crise, l’industrie manufacturière confi rmait un retour à meilleure conjoncture sur le 1er trimestre 2010 ; les défaillances d’entreprises reculaient alors de - 14 %. Ce début d’année confirme ce retournement avec une baisse de 7 %. L’amélioration s’étend désormais à des activités industrielles encore fragiles un an plus tôt. C’est notamment le cas de la mécanique industrielle qui enregistre une baisse des jugements de 38 % alors que ces derniers augmentaient encore de 6 % début 2010. L’évolution est en revanche délicate pour l’imprimerie de labeur (+ 22 %).

L’industrie alimentaire avait résisté durant la crise mais sur ce 1er trimestre 2011, elle affi che une dégradation de + 5,4 %. Les diffi cultés se concentrent toutefois dans les seuls secteurs de la boulangerie et pâtisserie (+ 12 %). La construction qui, elle-aussi, avait traversé une forte turbulence en 2008 et 2009, amorçait un redressement début 2010 principalement dans l’immobilier. Sur le 1er trimestre 2011, ce dernier repart à la hausse (+ 13 %). Si les agences immobilières restent bien orientées (- 11 %), en revanche, les pressions demeurent pour les marchands de biens immobiliers (+ 27 %). C’est donc le bâtiment (- 8 ,9 %) qui tire la performance de
la construction sur ce début d’année (- 6, 4 %). Les défaillances d’entreprises sont en repli de 16 % dans la construction de maisons individuelles (+ 6 % en T1 2010) mais reculent aussi dans la plupart des activités de second oeuvre. Malgré tout, quelques branches présentent des évolutions défavorables ; c’est le cas des travaux de menuiserie (+ 42 %), d’étanchéifi cation (+ 29 %) ou d’installations thermiques (+ 12 %).

Le commerce est en ligne avec la tendance générale (- 1 %), bien orienté dans le commerce interentreprises mais un peu moins dans la vente de détail (+ 1,4 %). Les défaillances augmentent dans le commerce de viande (+ 28 %) ou d’alimentation générale (+ 11 %), mais aussi d’habillement (+ 7 %), d’électroménager (+ 14 %) ou de quincaillerie (+ 41 %).

Dans le transport, le retournement est très sensible. Les défaillances baissent de 17 % (+ 1 % en T1 2010), notamment dans le fret interurbain (- 6 %) ou le fret de proximité (- 19 % contre + 11 % au T1 2010).

Les services s’inscrivent sur des tendances défavorables. Ceux à destination des entreprises enregistrent une augmentation des défaillances (+ 6,5 % contre + 4,4 % en T1 2010) notamment dans le conseil (+ 9 %). Les procédures collectives sont en hausse forte dans les services aux particuliers (+ 14,9 % contre + 5,7 % en T1 2010) notamment dans les métiers de réparation d’ordinateurs (+ 9 %) ou d’autres biens domestiques (+ 82 %), mais aussi dans la blanchisserie-teinturerie (+ 44 %).

La branche hôtels-restaurants-cafés est bien orientée (- 1,3%) malgré des évolutions lourdes dans la restauration rapide (+ 13 %) ou les traiteurs (+ 51 %). Les tendances sont bonnes pour les hôtels (- 12 %) et la restauration traditionnelle (- 7%).

Les défaillances en hausse dans plus de la moitié des régions françaises http://goo.gl/QvKun