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Le blog du Credit Manager 2.0
15 mars 2013

Défaillances d’entreprises : le BTP touché de plein fouet

Laurence Francqueville | 01/03/2013 | 10:06 | Entreprises de BTP

En 2012, les défaillances d’entreprises sont à nouveau en hausse dans le bâtiment et le trou d’air dans l’activité depuis l’été n’arrange rien. Du côté des maîtres d’ouvrage, la vigilance est de mise.

Les entreprises du BTP avaient plutôt bien résisté depuis 2009, notamment grâce à l’argent public injecté dans l’économie et à la résistance de la consommation. Mais, depuis 2012, les problèmes de financement et la baisse de la demande de travaux font souffrir les entreprises. Du coup, les défaillances dans la construction sont reparties à la hausse après deux années relativement favorables : 1,26 % avec 15 759 cas, selon Altarès. L’accélération a été très nette au quatrième trimestre ( 10,8 %) comparé à un an plus tôt. Et, fait nouveau, 69 % des défaillances concernent des entreprises de plus de cinq ans, comme Clestra, Armatures de France ou Enibat.

Certes, le secteur est structurellement fragile et les prix bas pratiqués ne permettent pas aux entreprises de constituer des réserves suffisantes. Alors, quand l’activité cale et que la crise du crédit dure, c’est l’effet boule de neige. « 25 % des artisans ont connu de grosses difficultés de trésorerie au dernier trimestre sans trouver de réponse auprès des banques, explique Sabine Basili, vice-présidente de la Capeb, pour des besoins qui souvent ne dépassent pas 10 000 euros. » Un chiffre confirmé par la Banque de France. L’alternative au manque de cash passe alors par l’allongement du paiement des fournisseurs (voir les éclairages ci-après)

 

 

 
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Après deux années de relative accalmie, les défaillances (règlement et liquidation judiciaires) dans le bâtiment sont reparties à la hausse en 2012. Le bâtiment reste le plus gros secteur concerné par les défaillances. Mais, fait inquiétant, les victimes sont désormais des entreprises plus grandes et plus âgées qu’auparavant. Avec 65 % des défaillances totales du secteur, le second œuvre est très impacté.

 Des retards de livraison majeurs

 

Côté clients, tous ne sont pas mauvais payeurs heureusement. Mais nombreux sont ceux confrontés aux défaillances. Yves Laffoucrière, président de 3F, relève qu’au moins 300 logements n’ont pu être livrés en 2012. Pour Guy Portmann, président de France Terre, « il n’y a pas un chantier sans difficultés ». Sur un projet d’hôpital public dans l’ouest, le cabinet Valode et Pistre Architectes a pu limiter à six mois le retard en trouvant un repreneur pour le peintre qui avait déserté le chantier. « Sans cela, nous allions plutôt vers dix-huit mois de retard », estime Yannick Denis, associé. Car la réactivité du maître d’ouvrage est aléatoire. « Les retards de livraison peuvent atteindre douze à dix-huit mois, notamment si la collectivité relance un appel d’offres », précise le président de la cour administrative d’appel de Paris, Jacques Fournier de Laurière.

Peut-on prévenir ce type de difficultés ? La fédération du BTP du Haut-Rhin a installé une cellule http://minu.me/8fsd

 

Eclairages

 

L'assureur-crédit - Frédéric Wissocq, responsable du secteur BTP chez Coface

 

  © YVES FORESTIER/Coface
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Frédéric Wissocq, responsable du secteur BTP chez Coface.

« Les victimes sont surtout des entreprises plus âgées »

« Le BTP continue de représenter environ un tiers des défaillances. Mais la typologie des entreprises sinistrées change. Les canards boiteux ont disparu et les victimes sont surtout des entreprises plus âgées, notamment de taille intermédiaire (ETI, 250 à 5 000 salariés) qui ont un profil de PME mais un endettement, notamment bancaire, à peine moindre que celui des grands groupes. Plusieurs raisons à cela : les marges dans le BTP se sont dégradées ces dernières années malgré une activité encore tonique et les trésoreries se sont beaucoup tendues, en raison des délais de paiement notamment. Le BTP est pris entre le marteau (les fournisseurs) et l’enclume (les clients) et les grands donneurs d’ordre sont les derniers à respecter la loi LME (loi de modernisation de l’économie). Ainsi, le resserrement du crédit bancaire et l’effondrement de l’activité dans le bâtiment, qui s’amplifie depuis l’été tant dans le neuf que dans la rénovation, arrivent au pire moment. Les TP sont aussi concernés, avec des impayés et des défaillances sur des sociétés anciennes qui cassent les prix pour ne pas laisser partir les affaires à la concurrence, des grandes entreprises en particulier. »

 

Le banquier - Marc Wolff, directeur général et directeur des engagements de BTP Banque

 

  © YVES DENOYELLE/ LE MONITEUR
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"Les demandes de crédits de trésorerie explosent"

« Les PME du BTP ont jusque-là fait le dos rond pour faire travailler leurs équipes, en attendant des jours meilleurs en termes de marges. Mais leur rentabilité a en réalité été divisée par deux en quatre ans (voir ‘‘ Le Moniteur ’’ du 19 octobre 2012, p. 12). L’activité ne repartant pas, loin de là, elles sont très fragilisées d’autant que la détérioration des délais de paiement et le raccourcissement des délais fournisseurs leur sont très défavorables. En conséquence, les demandes de crédit de trésorerie explosent : 15 % au premier semestre 2012 comparé au premier semestre 2011 mais 22 % au second semestre. Notre portefeuille clients étant de bonne qualité et nos risques maîtrisés, nous avons pu, dans toute la mesure du possible, accompagner nos clients avec des réponses adaptées à leur situation. Relativement stables jusqu’en juin, les dépôts de bilan se sont accélérés ensuite et l’année 2012 se termine pour BTP Banque sur une hausse d’au moins 7 %. Les PME réalisant plus de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel sont les plus concernées avec 65 entreprises en 2012 contre 49 en 2011, alors que le nombre est assez stable pour les entreprises plus petites. »


 

FOCUS

Délais de paiement - Les entreprises prises en étau entre clients et fournisseurs

A combien de jours paie-t-on réellement dans le BTP ? 62,7 jours côté clients et 60 jours côté fournisseurs, selon l’Observatoire des délais de paiement. 82 à 89 jours pour les premiers selon BTP Banque ( 1 à 4 jours sur un an selon les segments d’activité) et 66,7 à 76,3 jours pour les seconds (- 2 à - 7,5 jours par rapport à 2011). Ce n’est donc pas une vue de l’esprit de dire que les constructeurs sont pris en étau entre clients et fournisseurs ! « Une faillite sur quatre est due à des retards de paiement. Et, dans 80 % des cas, la liquidation est prononcée », indique Thierry Million, responsable des études chez Altarès. Le gouvernement s’attaque manifestement au problème en s’engageant à ce que l’Etat paye à 20 jours d’ici à 2017 et en créant un groupe de travail pour le bâtiment qui remettra ses conclusions d’ici à fin avril. Quelques pistes sont évoquées : obliger le maître d’ouvrage privé à payer les travaux exécutés au mois le mois ; généraliser les avances et acomptes ; renforcer les contrôles et créer des sanctions administratives. La loi LME (loi de modernisation de l’économie) niant la spécificité du secteur, FFB et Capeb s’appliqueront à la faire préciser pour tordre le cou aux nombreuses mauvaises pratiques relevées par l’Observatoire des délais de paiement : règlement des acomptes à 60 jours, le 10 après la fin du mois d’exécution des travaux ; report du paiement au mois suivant pour les situations produites en retard ; contestations sans fondement réel ; imposition de formalités administratives injustifiées, etc. « Supprimer les délais cachés apporterait une vraie bouffée d’oxygène pour la trésorerie des entreprises », suggère Didier Ridoret, président de la FFB. En indiquant clairement, par exemple, qu’en marché privé, le délai de paiement court à compter de la réception de la facture (ou situation mensuelle) par le maître d’œuvre doit comprendre le délai de vérification.
Pour renforcer leur trésorerie, les entreprises pourront aussi obtenir des aides auprès de la Banque publique d’investissement. Et bénéficier, au moins pour les plus petites d’entre elles, de trois nouveaux dispositifs de préfinancement pour le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, le crédit d’impôt recherche et le prêt pour l’innovation.

 

Laurence Francqueville | Source LE MONITEUR HEBDO

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