Sur le terrain, la reprise est encore loin d'être apparente. Nerf de la guerre pour les PME, leur trésorerie est mise à mal par la multiplication des reports de paiement. Un tiers (31,7 %) seulement des entreprises françaises payent leurs fournisseurs dans les temps, selon l'étude d'Altares sur les conditions de règlement interentreprises en Europe au deuxième trimestre 2013. Autrement dit, deux tiers des entreprises payent leurs factures en retard, en moyenne 12 jours au-delà du délai légal, fixé à 60 jours.
Or l'enjeu est crucial. Si la règle de délai fixée par la loi était respectée, entre 13 et 14 milliards d'euros supplémentaires rentreraient dans la trésorerie des PME, selon un rapport de l'Observatoire des délais de paiement de la Banque de France. «Dans un contexte économique difficile, la tentation est grande de revenir à des pratiques quelquefois peu loyales pour optimiser un cash qui peut faire défaut», déplore Thierry Millon, responsable des études Altares.
Dans le détail, l'importance des délais de paiement est inversement proportionnelle à la taille de l'entreprise. Si 37 % des sociétés de moins de 10 salariés règlent leurs factures à l'heure, seules 24 % des PME le font. Quant aux grands groupes, 9 % respectent leurs délais. «La rupture de la chaîne de trésorerie met les microentreprises et les PME en première ligne du processus de défaillance», juge Thierry Millon. Selon lui, ces retards sont liés à la dégradation de la confiance des entreprises en France.
Mais pour Brice Pineau, cofondateur d'Harvest, éditeur de logiciels d'aide à la décision financière, ces chiffres sont au-dessous de la réalité. «Les grands comptes tirent sur les paiements sans que cela apparaisse dans les comptes. Certains de mes clients retardent la facturation de mes prestations en envoyant le bon de commande le plus tard possible», déplore-t-il. Membre de CroissancePlus, qui bataille sur ce dossier depuis des années, il milite pour que le délai de paiement soit déclenché dès le démarrage de la prestation.