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Le blog du Credit Manager 2.0
2 septembre 2014

Défaillances d'entreprises : chiffres en trompe-l'œil

La défaillance d'entreprise est un constat d'échec qui provoque une onde de choc pour le tissu économique lié à l'entreprise soumise aux difficultés.

Les défaillances d'entreprises font l'objet d'un suivi statistique à un double niveau : d'une part, il est quantifié leur nombre. D'autre part, ce chiffre est examiné sous l'angle N/N – 1 c'est-à-dire au regard de sa variation annuelle. Au fond, l'analyse économique de ce fait préoccupant mérite une approche à la fois sectorielle (ce que fait la Banque de France) et multifactorielle (ce qui est rarement établi dans le même document d'enquête).

1) Le ralentissement apparent des défaillances :  un mieux en trompe-l'œil

Dans un texte ("Stat info") daté du 11 août, la Banque de France indique "qu'à fin mai, le nombre de défaillances enregistrées sur les 12 derniers mois augmente de 2,3 %" et s'élève ainsi à 63 031. À fin juin, l'estimation donne une progression annuelle de 1,8 % notamment du fait que "sur les 3 derniers mois, l'évolution est plus favorable avec un repli de 5,6 %".

À suivre cette évolution et cette tendance, il y aurait – pour d'aucuns – d'apparentes raisons de se réjouir sauf que notre pays se situe toujours au-dessus de la crête qu'avait représentée l'année 2009 et qu'il y a eu plus de défaillances que l'an passé. Où est donc le "mieux" que certains ont cru devoir déceler ?

De surcroît, une approche plus qualitative rapporte que ce sont les TPE qui sont concernées à plus de 85 % par les faillites sans pour autant omettre les vagues de restructuration dans les PME ou les groupes qui n'entraînent pas nécessairement la disparition de la personne morale et peuvent introduire des biais statistiques : cas de plan de sauvetage en amont de toute décision judiciaire et évitement de la DCP (déclaration de cessation des paiements).

Le "mieux" indiqué ci-dessus ne doit donc pas cacher des chiffres en trompe-l'œil : en effet, certains commentateurs ont rapidement conclu que 2014 serait une année satisfaisante en mettant sous le boisseau les perspectives assombries du taux de croissance pour le second semestre qui pourrait fort bien se traduire par une pointe dans la courbe des défaillances du premier trimestre 2015. L'annonce de la baisse des prix en juillet ne saurait constituer une information favorable.

À regret, il convient en effet de constater que l'amorce de reprise du début 2014 est en passe de s'estomper dans de nombreux pays européens à commencer par l'Italie qui est à nouveau en phase de récession. Dans ce contexte, nous ne pouvons partager l'approche de l'assureur-crédit Euler Hermes qui envisage une baisse de 1 % des défaillances pour l'année 2014. Et qui va jusqu'à poser comme objectif réaliste une baisse de 3 % pour 2015.

Ceci est en contradiction avec la future révision à la baisse de notre taux de croissance (passage à 0,5 % ?) pour 2014 et pour 2015 où les 1,5 % semblent d'ores et déjà compromis pour des motifs intérieurs (faiblesse de la demande et crise du pouvoir d'achat) et extérieurs (capacités à exporter, risque-pays et tensions géopolitiques, par exemple avec la Russie, etc.).

Le FMI et le gouvernement ont initialement tablé sur l'hypothèse de 1,5 % en 2015 : hélas, il appert que ce taux sera à revisiter à la baisse sous l'analyse vigilante du HCFP (Haut conseil des Finances publiques) dont la vérification et la validation de la plausibilité du taux de croissance retenu par le gouvernement pour élaborer le budget (PLF 2015) est une des missions principales.

Dans la même optique, il est opportun d'ajouter que la Coface considère que le taux de défaillance ne peut s'inscrire en recul que si l'économie atteint 1,5 %. L'éclaircie actuelle qui a été avancée ici ou là est donc trompeuse compte tenu du trend général de l'économie française.

2) L'onde de choc des défaillances

"Les encours de crédits portés par les entreprises défaillantes représentent en moyenne 0,5 % du total des encours de crédit déclarés au SCRBDF (Service central des risques de la Banque de France). Pour les PME, ce poids est plus élevé, soit 1,3 %" (source BdF). Ce constat statistique est certainement exact, mais ne fournit pas une image fidèle de l'onde de choc des défaillances, car il est partiel.

D'une part, nul ne saurait nier que des entreprises qui sont en passe d'avoir des difficultés ont le plus grand mal à pouvoir bénéficier de lignes de crédit. Typiquement, elles ne sont pas éligibles à des concours significatifs et sont bien souvent victimes du "credit-crunch" (resserrement du crédit). Dès lors, leurs défaillances ne sauraient entraîner de lourds volumes de défauts de crédits.

D'autre part, l'approche du passif des entreprises défaillantes est entachée http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-107306-defaillances-dentreprises-chiffres-en-trompe-loeil-1032765.php

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