Enquête auprès des industriels - septembre 2010
L’embellie se poursuit dans l’industrie manufacturière.
Mais c’est une embellie toute relative, puisque l’indice synthétique de conjoncture se hisse à 98 points, soit deux points de moins que la moyenne de long terme. Ne boudons toutefois pas notre plaisir puisqu’il s’agit là du meilleur chiffre depuis juillet 2008, au moment où la crise allait brutalement s’intensifier. Cette enquête est d’ailleurs cohérente avec les autres échos qui nous parviennent de l’industrie française : l’investissement se réveille (certes péniblement) et l’activité se redresse peu à peu. Attention toutefois, l’équilibre demeure particulièrement fragile et la dégradation patente de la conjoncture internationale, en particulier aux Etats-Unis, pourrait porter un coup d’arrêt à ce regain au second semestre.
Ce qui nous rassure, c’est que les anticipations des industriels
sont bien meilleures qu’au début de l’été : les perspectives
personnelles de production se redressent sensiblement en septembre, même
si elles restent légèrement inférieures à leur moyenne de long terme.
Il faut dire que les carnets de commandes sont un peu moins dégarnis
qu’auparavant, signalant que la demande adressée à l’industrie française
est en phase de réveil. C’est logique eu égard au timide regain de
l’investissement après deux ans de disette et à la robustesse de la
puissante industrie allemande dont les entreprises françaises sont
souvent sous-traitantes. Quant à eux, les stocks de produits finis
restent légers : c’est une bonne chose car c’est justement un déstockage
brutal qui avait démultiplié les effets de la crise sur l’industrie
française fin 2008 et début 2009. Enfin, il convient de saluer la bonne
tenue des perspectives générales de production qui sont désormais
nettement au-dessus de la moyenne de longue période. Cela veut dire que
les industriels n’ont pas perdu foi en l’économie française (ce qui
tranche singulièrement avec la vision des ménages) malgré les
incertitudes qui planent autour de la croissance.
L’analyse par secteur invite toutefois à une certaine prudence. La
production passée dans les équipements électriques et électroniques et
les machines s’est nettement ralentie même si les perspectives
d’activité sont bonnes. Cela veut dire que si l’investissement est
reparti, ce n’est pas encore une expansion franche et massive. Un mot
enfin sur l’automobile, où la cadence de production s’est nettement
accélérée au cours des dernières semaines. C’est un soulagement, mais le
répit ne pourrait être que de courte durée : les carnets de commandes
restent très peu garnis (du fait de l’estompement des aides
gouvernementales sur le Vieux Continent, austérité oblige) amenant les
industriels à être très prudents sur la production des prochaines
semaines.
Il faut donc se méfier des chiffres. Certes, l’indice de
conjoncture dans l’industrie manufacturière se rapproche de sa moyenne
historique, mais cela ne veut pas dire que nous sommes revenus à la
normale dans l’industrie française. Ou alors il faut parler d’une
nouvelle normalité, avec une production durablement plus faible qu’avant
la crise et qui n’avancera que par à-coups. Il faudra se faire à cette
nouvelle normalité car les années qui viennent se caractériseront par
une croissance plus faible et aléatoire en attendant que l’économie
française (et surtout européenne) se trouve un nouvel équilibre pérenne.
Alexander LAW
Chef Economiste
Xerfi
13-15, rue de Calais
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