Wilfried Verstraaete (Euler Hermès) : "nous ne prévoyons pas de hausse de prix en 2011" Source : La Tribune.fr - 03/01/2011
Euler Hermès, premier assureur crédit du monde, couvre les entreprises contre le risque de non paiement de leurs clients. Pendant la crise, en raison de la forte augmentation des défaillances des entreprises, la sinistalité s'était dégradée. L'assureur avait alors, comme ses concurrents, eu tendance à réduire ses garanties et a augmenté ses prix. Mais cette période est terminée comme l'explique le président du directoire d'Euler Hermès.
La Tribune : quel bilan dressez-vous de votre activité d'assureur-crédit en 2010 ? Wilfried Verstraaete : nous sommes
très satisfaits de notre taux de fidélisation des clients qui atteint
95% malgré les hausses de tarifs que nous avons commencé à pratiquer
très tôt, dès fin 2008, et surtout en 2009. Depuis le mois d'avril, nous
avons augmenté nos prises de risques. Si bien qu'en novembre notre taux
d'acceptation des nouvelles demandes de garanties était équivalent à
celui d'avant la crise. Continuez-vous à augmenter les tarifs ? Nous estimons que nos contrats sont actuellement tarifés à un niveau
qui reflète le coût du risque. Globalement, les taux de primes qui
avaient beaucoup baissé avant la crise, sont désormais revenus au niveau
de 2004. En 2011, nous ne prévoyons pas de hausse générale de nos prix
et visons un maintien des tarifs actuels. Mais il y a déjà une pression à
a baisse sur certains renouvellements de contrats, car quelques
concurrents manifestent un grand appétit pour reprendre des affaires. La sinistralité s'est-elle améliorée ? Nous observons une baisse de 4% du nombre de défaillances
d'entreprises en 2010 au niveau mondial et nous prévoyons 5% de baisse
en 2011. Mais les défaillances avaient beaucoup augmenté de 28% en 2008
et d'autant en 2009. Elles restent encore élevées, à des niveaux
supérieurs à ceux de la période 2005-2007. Euler Hermes va-t-il devenir une agence de notation financière à part entière ? Nous n'avons pas l'intention de devenir une agence de notation
concurrente de S&P, Moody's ou Fitch. Mais nous avons effectivement
en Allemagne une filiale qui vend des notations à des petites et
moyennes entreprises pour laquelle nous avons obtenu le passeport
européen. Cela reste une activité modeste qui ne concerne que 11
salariés et ne représente que 1,5 millions d'euros de chiffre d'affaires
sur les 700 millions que nous réalisons en Allemagne. Pourquoi avoir cet agrément si vous ne prévoyez pas de développer cette activité ? Nous voyons cette société comme un laboratoire qui n'exerce qu'en
Allemagne sur un périmètre restreint. Ce n'est pas pour l'instant un axe
stratégique mais il faut avoir plusieurs fers au feu. La notation
financière fait partie du débat public et nous voulons pouvoir réagir
vite aux évolutions règlementaires. La notation n'est-elle pas déjà votre métier ? Nous avons les compétences et les structures pour émettre des
notations d'entreprises. Mais nous sommes une société d'assurance et non
une société d'information. Aujourd'hui les notes que nous donnons sont
garanties sur nos fonds propres. Elles nous servent à souscrire des
risques. De plus, nous ne faisons pas payer les entreprises que nous
notons, contrairement à une agence classique. Dans notre système, c'est
la société que nous assurons qui paie pour utiliser les notes que nous
attribuons à ses clients. Bref, nous ne voyons pas l'intérêt de mettre
cette information à disposition des tiers. Nous risquerions d'être en
conflit d'intérêt permanent entre notre métier de notation et celui
d'assureur-crédit. Quelles sont vos ambitions sur les marchés émergents ? Nous voulons nous développer de façon plus agressive en Asie, au
Moyen-Orient et en Amérique latine, mais aussi sur la côte Ouest des
Etats-Unis. Bon nombre de nos assurés font du commerce ou ont des
structures de production dans ces zones émergentes. Nous suivons donc
nos clients. Mais le premier handicap est l'accès à l'information pour
évaluer les probabilités de défauts des entreprises. Nous avons donc
choisi de nous focaliser sur un nombre restreint de secteur industriels
et de zones géographiques. Quels sont vos objectifs en Asie ? Notre chiffre d'affaires dans toute l'Asie est de 60 millions d'euros
; par rapport aux 2 milliards du groupe, c'est peu. Notre objectif est
de multiplier le chiffre d'affaires par 5 sur ce continent d'ici 7
ans. Nous sommes sur des perspectives de long terme mais nous devons
accélérer maintenant.. Investissez-vous particulièrement en Chine ? Oui, nous investissons pour accroître notre capacité à collecter de
l'information sur place et donc nous ouvrir la possibilité de servir des
entreprises chinoises. Nous exerçons dans deux provinces les plus
industrialisées, principalement dans les secteurs de la chimie, de
l'électronique et de l'auto. Vous évoquiez la côte Ouest des Etats-Unis, est-ce aussi un relais de croissance pour Euler Hermes ? Notre portefeuille américain est très concentré sur la côte Est et la
région des grands lacs. Notre présence en Californie est très modeste,
or son PIB est équivalent à celui de l'Italie. De plus, l'économie
californienne est très tournée vers l'Asie. Nous avons donc décidé en
2010 d'augmenter nos structures en Californie et de recruter des
analystes de risques. Nous ciblons trois secteurs prioritairement :
l'électronique, l'agroalimentaire et la chimie. Nous misons sur 50 à 70
millions de dollars de primes d'ici cinq ans. Quels sont les principaux éléments de votre plan d'entreprise 2011-2013 ? Notre plan "Excellence" instaure une nouvelle segmentation de la
clientèle en cinq catégories selon la taille des entreprises, le volume
de primes qu'elles génèrent, le secteur d'activité, l'historique de
sinistres et le potentiel. Il prévoit la mise en place d'un nouveau
modèle de service qui vise à harmoniser la qualité de service offerte à
nos clients. Lire la suite http://goo.gl/bFVFw
Propos recueillis par Séverine Sollier et Benjamin Jullien - 03/01/2011